La Carta Infinita : Rue Gustave Goublier est née d’une collaboration entre Catherine Baÿ (The Window), Gemma Milà (Atelier Berger Milà), Julia Borderie, Eloïse Le Gallo et Ekaterina Shcherbakova (Points-Bascule) et Alice Cabaret (The Street Society), un groupe d’experts-explorateurs. Carta Infinita est un concept multi-sémantique : c’est d’abord une plate-forme qui regroupe plusieurs chercheurs multidisciplinaires, couvrant à la fois les sciences humaines et les sciences exactes, et qui sert de déclencheur à l’analyse. Il s’agit aussi d’un système de cartographie nomade qui émerge à un endroit spécifique à certains moments. De plus, Carta Infinita est une méthode de recherche offrant un regard subjectif et diversifié sur une situation géographique et urbaine donnée : à travers une exploration psychogéographique du territoire, des échanges avec des acteurs locaux, une analyse du discours spatial, chaque participant développe un protocole qui sera activé au cours de la restitution de la recherche et complétera les archives des protocoles du projet.
La deuxième édition se déroule rue Gustave Goublier, où se trouvent les deux espaces de The Window se faisant face. Cet ancien passage de l’Industrie, puis rue, et actuellement passage fermé pour voitures en devenir, avec le jardin qui fera écho à la multiculturalité du quartier en son centre, incarne en quelque sorte les relations mutables entre la ville et le citoyen. S’agissant des passages, on se rappelle naturellement Walter Benjamin et son analyse des transformations urbaines dans Paris, capitale du XIXe siècle. Les passages représentent pour lui des intermédiaires entre la rue et l’intérieur ; ils se manifestent comme des phénomènes pour l’exercice spatio-temporel, mais aussi esthétique, politique et social. La présence des passages va de pair avec l’apparition de la figure du flâneur, qui suit sa propre expérience de la ville et est captivé par son individualisme.
La recherche fondée sur l’expérience des participants de Carta Infinita effectuée par le biais de l’économie de base du corps traduit ainsi un entrelacement de différentes temporalités, qui déborde sur l’idée physique et conceptuelle de l’espace, le recto-verso des éléments constitutifs du lieu, y compris les deux espaces de The Window qui se regardent, reliés par la cave souterraine. Cette deuxième édition incarne une création de l’espace à travers une cartographie, et représente l’espace qui est en train de se faire maintenant, sous nos yeux.
Artiste chorégraphe directrice artistique The Window
Comme artiste chorégraphe je n’ai que, comme dans mon travail de directrice artistique de The Window créer des liens des passerelles entre différentes personnes différentes matières et propos . C’ est comme cela que je conçois mon travail de chorégraphe. The Window n'est que le prolongement de mon travail de chorégraphe.
Architectes
Nous sommes intéressés par les paysages frontaliers et traversant, les interstices, les passages. Dans cet univers urbain multiple qu’est le Xe arrondissement nous avons recherché les interactions entre les différents tissus urbains. La rue Gustave Goublier et son changement de nomenclature (de passage à rue) sont pour nous un échantillon des mutations de cette urbanité complexe.
Selon le dictionnaire, une carte est un dessin localisé d’une sélection de données collectées à une échelle précise. Pour ce projet nous avons tenté d’inverser le processus de cartographie par un travail en négatif, en sélectionnant tout le bâti non haussmannien. Cet exercice permet de révéler la frontière entre les opérations construites entre 1852 et 1910 et les tissus urbains préexistants.
Dans la réalité, cette démarcation si nette sur les cartes devient plus complexe.
S’il apparaît sur cette ligne des traces à l’échelle architecturale (interstices, dents creuses, façades aveugles), elle n’est pas toujours lisible et intelligible.
Nous avons donc interrogé des experts et des habitants du quartier afin de distinguer cette limite. Grâce à leurs récits, nous avons approfondi la connaissance des différents tissus urbains. Des détails et caractéristiques particulières plus subtiles sont alors apparus. Nous les avons moulés pour en récupérer les traces.
Lors de la performance, nous reproduisons le même processus de moulage en parallèle avec la narration sur les caves des bâtiments de la rue Gustave Goublier
Artistes
Nous avons porté notre intérêt sur les sous-sols de la rue Gustave Goublier et plus globalement du Xeme arrondissement. Cette recherche nous a mené du service de la propreté de la Ville de Paris à celui des égoutiers, de l´Inspection Générale des Carrières indiquant que la rue se trouvait sur une zone de dissolution du gypse, au futur parc du plateau d’avron construit sur les anciennes carrières de gypse de Rosny-sous-Bois. Les habitants et commerçants de la rue Gustave Goublier, nous ont ouverts leurs trappes pour découvrir les caves.
Dans un mouvement d’aller-retour permanent, un personnage arpente les espaces sous-terrains pour en reproduire les plans à la surface, sur le sol de la rue. Tracés au blanc de Meudon dissolus rapidement, à l’image du gypse dont il est issu.
Urbanistes et photographe
La musique affecte notre perception de l’espace. Pour le mieux (la musique diminue le taux de cortisol, l’hormone du stress, et la sensation de danger 1), et pour le pire (écouter de la musique réduit les ressources cérébrales dévolues aux stimuli extérieurs, ce qui explique le nombre croissant d’accidents urbains impliquant des piétons portant des écouteurs). Mettre ses écouteurs, c’est se rendre indisponible (l’équivalent du panneau de porte “ne pas déranger”), c’est marquer une frontière invisible pour mieux accéder à son intériorité. Dans la rue, c’est contourner l’ennui ou les ennuis (le casque, un outil contre le harcèlement urbain 2), ou augmenter son expérience de la ville. C’est échapper à un cadre physique pour se projeter dans une autre dimension spatiale et temporelle.
Qu’écoutent les passants ? Quelles sont les mélodies qui rythment subtilement et quotidiennement la grande chorégraphie de la rue (on se croise, on se dépasse, on s’évite)? A quels souvenirs, à quels imaginaires, à quels autres lieux font-elles appel ?
Une hypothèse : un quartier peut se révéler à travers la playlist de ses passants. Nous sommes allés à la rencontre de ceux du 10e arrondissement, en prenant l’espace The Window comme point de départ. Diversité des profils, des écouteurs, des téléphones, des plateformes, des genres musicaux : la richesse culturelle du quartier s’exprime au sein de la playlist que nous avons constituée sur Spotify à partir des morceaux indiqués par les passants interviewés. Du reggae jamaïcain au gospel Haïtien, de la K-Pop au King of Pop, du R&B congolais au rock anglais, nous avons réalisé un tour du monde sonore dans les limites du 10e arrondissement.
Chaque passant rencontré a ainsi accepté de retirer ses écouteurs et de partager avec nous le nom du morceau en cours de lecture. Ces discussions ont été l’occasion d’évoquer les lieux réels ou imaginaires liés au morceau, et l’impact de son écoute sur la perception de l’espace actuel.
Nous avons ensuite invité ces personnes à l’inauguration de l’exposition : la playlist du quartier y sera diffusée. Nous présenterons également un livret compilant de manière créative les collectes de nos séances d’exploration et les interviews réalisées.
Artist
Le travail de Grace Denis a commencé par une recherche dans les magasins et les épiceries du quartier, marchant de The Window au Faubourg St Denis. Une enquête sur les ingrédients, à la fois les variables et les répétitions, a inspiré un décryptage de l'importance des aliments conservés et fermentés sur les marchés indien et turc. La fusion de cette étude met en œuvre des légumes et des épices de ces deux marchés, en hybridant des ingrédients recommandés par les personnes travaillant dans les magasins pour fabriquer une série de conserves. La symbiose de ces éléments crée une gamme piquante d'aliments, une recherche comestible qui explore la rue comme un site potentiel de fermentation, dans lequel une multitude d'éléments s'enchevêtrent et s'excitent collectivement.
Géographe
Ma participation à la recherche collective rue Gustave Goublier a consisté à re-constituer la micro-histoire de ce lieu parisien né il y a moins de deux cent ans et renommé il y a moins d’un siècle. J’ai voulu retrouver son passé tel que l’ont conservé la bibliothèque, l’archive et le cadastre avant d’en tracer un arbre généalogique absolument subjectif, en parcourant pour cela les documents historiques, notamment des cartes anciennes,.
Lors de la performance, je propose de revisiter le geste du cartographe en le translatant du papier à la rue, via la réalisation dynamique sur une baie vitrée ou même au sol d’une carte du dixième arrondissement éternellement recommencée. Mon but est d’illustrer par le mouvement de la main et du corps le caractère fondamentalement subjectif, personnel et sensible de toute représentation de l’espace.
Multimedia artist, visual artist and curator
Performing, Reflecting, Observing.
In attempt to research the vivid multiculturalism of the area around The Window gallery, holding the mirror creates a performative gesture through the act of shifted behavior and otherness in public space. Even though the performer feels hidden and secure, the gesture provokes reactions of passersby. What passers perceive depends on their position in the urban space and more broadly depends on their social and cultural context and experiences.
On the exhibition opening we transfer the performance of holding the mirror and shooting the reflections, but now in different context of new event and new observers thus creating a new layer on the work where film and reality switch.
This work is related to the GRAD NA DRUGI POGLED project.
Artist
As a visual artist I am interested in representation and how to use it to covey or investigate ideas, fictions and truths. For this rendition of Carta Infinita I chose to focus on rue Gustave Goublier in two spaces: my perception of the street as it exists in 2019 and the virtual space of Google Street View.
Before visiting rue Gustave Goublier for this project I immediately looked it up onStreet View to get a sense of where I would be working.
I noticed however that the virtual space I was studying was not actually representative of the street, the imagery was from 10 years earlier taken in 2009. This struck me as interesting being a classic example about how photography, while often presented as canonic truth is quite often misrepresentative and easily manipulated. So I decided to make photographic prints that would mix these two spaces, the 2009 virtual space and the present day reality of the street. I am recreating aspects of the photos from 2009 Street View and bringing them to the street to be photographed, I will be getting people to pose in the same manner while shooting from the same camera angles.There have been a few changes mostly businesses and signs, but most notably and also the reason the photos have not been updated is that cars are no longer allowed on the street. I am particularly interested in the distorsions that Street View creates due to strange perspectives and camera angles, I think that these prints represent a sort of distortion as well, mixing the different times and spaces.
For the Performance people will be holding the pose of four photographic stills from Street View I chose to represent. They will be wearing blurry face masks as the people’s faces in Street View are blurred out adding to the contrast between real and virtual.
Graphiste
L’impression d’être des touristes, un regard que nous savons superficiel. La peur d’un regard « exotique » ou « folklorique” et la conscience de cet écueil sans savoir comment l’éviter. Mais les mots permettent de mettre à distance et de commencer une production.
Nous avons choisi le thème des cheveux, des coiffeurs, des mots des coiffeurs, du mystère relatif qui entoure les salons de coiffure. Nous avons choisi ce thème Parce que c’est ce qui nous a sauté au yeux dans le quartier. Nos explorations se sont déroulés pluvieuses et morcelées. Parfois un dialogue, des regards amusés ou méfiants, souvent une relative indifférence (c’est une prise de notes, ça n’est pas très spectaculaire).
Au fil de l’exploration, notre regard à évolué. Au début ça ne devait être que des mots affichés, ça s’est transformé en une sorte de jeu de cartes avec l’idée d’en faire une mini-performance ce que nous n’avons jamais fait auparavant.
Des anecdotes : Chris m’a appris que le sujet de la « coiffure » des cheveux différents étaient un sujet très délicats a aborder, presque une “ligne rouge » en Afrique du Sud. Il parait aussi que le cheveux jetés devant les devantures des vitrines se prennent dans les pattes des oiseaux qui ne peuvent plus marcher.
Des mèches péruviennes, ce sont des cheveux très lisse, très long, très noir (extension). En réalité je crois que je n’ai toujours pas compris exactement ce qu’étaient les différences entre perruques, tissage, extensions, rajouts etc. J’ai un peu honte de ne pas être entré dans le détail ou d’être encore incapable d’en parler. Le tirage des cartes est un pirouette pour faire un jeu de cette faiblesse.
Médiatrice culturelle & musicien
« Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. »
J-P Sartre La Nausée, 1938
Dans le domaine de la psychanalyse, ce sentiment est une notion, celle de la distanciation. Cette attitude de défense, de (re)considération ou de remise en cause, produit un effet de dédoublement (écho) qui peut aller jusqu'à expérimenter le du monde extérieur comme étrange, irréel.
À travers notre expérience immersive, nous avons voulu placer le spectateur au coeur de cette sensation. Vous êtes d’abord invité à voyager autour du passage Gustave Goublier, de jour comme de nuit. Puis, à l’aide de boutons d’effets sonores et visuels, vous allez contrôler votre propre voyage intérieur. Le degré d’intensité ne tient qu’à vous, à l’aide de contrôles intuitifs, vous allez vite créer l’univers qui vous correspond : d’une ballade harmonieuse jusqu’au frisson de l’irréel.
Baudelaire; Les fleurs du Mal, La chevelure (dans spleen et idéal), Paris, Poésie Gallimard, 1861
Dainville, François de; Le Langage des géographes. Termes, signes, couleurs des cartes anciennes (1500-1800), Paris, CTHS Editions, 2018 [1965]
Glissant, Edouard; La terre, le feu, l’eau et les vents, une anthologie de la poésie du tout monde, Paris, Galaade éditions, 2010.
Harley, John-Brian; “Deconstructing the map,” Cartographica, 26, 2, 1989.
Laboulais, Isabelle dir.; Combler les blancs de la carte. Modalité et enjeux de la construction des savoirs géographiques (XVIIe-XIXe siècle), Strasbourg: Presses Universitaires de Strasbourg, 2008.
O’Brian, Tim; The Things They Carried. Published by Penguin Books, New York,1991.
Rees, Ronald; “Historical links between cartography and art,” Geographical Review, 70, no.1, 1980.
Saramago, José; The Double. José Saramago e Editorial Caminho, SA, 2002.
Tresch, John; The Romantic Machine. Utopian Science and Technology after Napoleon, Chicago: The University of Chicago Press, 2012.
Wallis, Helen & Robinson, Arthur dirs.; Cartographical Innovations : an international handbook of mapping terms to 1900, Tring: Map collector publications, 1987.
Wilme, Benjamin; A Hand Book for Plain and Ornamental Mapping, London: John Weale, 1863.
La Carta Infinita : Rue Gustave Goublier est née d’une collaboration entre Catherine Baÿ (The Window), Gemma Milà (Atelier Berger Milà), Julia Borderie, Eloïse Le Gallo et Ekaterina Shcherbakova (Points-Bascule) et Alice Cabaret (The Street Society), un groupe d’experts-explorateurs. Carta Infinita est un concept multi-sémantique : c’est d’abord une plate-forme qui regroupe plusieurs chercheurs multidisciplinaires, couvrant à la fois les sciences humaines et les sciences exactes, et qui sert de déclencheur à l’analyse. Il s’agit aussi d’un système de cartographie nomade qui émerge à un endroit spécifique à certains moments. De plus, Carta Infinita est une méthode de recherche offrant un regard subjectif et diversifié sur une situation géographique et urbaine donnée : à travers une exploration psychogéographique du territoire, des échanges avec des acteurs locaux, une analyse du discours spatial, chaque participant développe un protocole qui sera activé au cours de la restitution de la recherche et complétera les archives des protocoles du projet.
La deuxième édition se déroule rue Gustave Goublier, où se trouvent les deux espaces de The Window se faisant face. Cet ancien passage de l’Industrie, puis rue, et actuellement passage fermé pour voitures en devenir, avec le jardin qui fera écho à la multiculturalité du quartier en son centre, incarne en quelque sorte les relations mutables entre la ville et le citoyen. S’agissant des passages, on se rappelle naturellement Walter Benjamin et son analyse des transformations urbaines dans Paris, capitale du XIXe siècle. Les passages représentent pour lui des intermédiaires entre la rue et l’intérieur ; ils se manifestent comme des phénomènes pour l’exercice spatio-temporel, mais aussi esthétique, politique et social. La présence des passages va de pair avec l’apparition de la figure du flâneur, qui suit sa propre expérience de la ville et est captivé par son individualisme.
La recherche fondée sur l’expérience des participants de Carta Infinita effectuée par le biais de l’économie de base du corps traduit ainsi un entrelacement de différentes temporalités, qui déborde sur l’idée physique et conceptuelle de l’espace, le recto-verso des éléments constitutifs du lieu, y compris les deux espaces de The Window qui se regardent, reliés par la cave souterraine. Cette deuxième édition incarne une création de l’espace à travers une cartographie, et représente l’espace qui est en train de se faire maintenant, sous nos yeux.
Artiste chorégraphe directrice artistique The Window
Comme artiste chorégraphe je n’ai que, comme dans mon travail de directrice artistique de The Window créer des liens des passerelles entre différentes personnes différentes matières et propos . C’ est comme cela que je conçois mon travail de chorégraphe. The Window n'est que le prolongement de mon travail de chorégraphe.
Architectes
Nous sommes intéressés par les paysages frontaliers et traversant, les interstices, les passages. Dans cet univers urbain multiple qu’est le Xe arrondissement nous avons recherché les interactions entre les différents tissus urbains. La rue Gustave Goublier et son changement de nomenclature (de passage à rue) sont pour nous un échantillon des mutations de cette urbanité complexe.
Selon le dictionnaire, une carte est un dessin localisé d’une sélection de données collectées à une échelle précise. Pour ce projet nous avons tenté d’inverser le processus de cartographie par un travail en négatif, en sélectionnant tout le bâti non haussmannien. Cet exercice permet de révéler la frontière entre les opérations construites entre 1852 et 1910 et les tissus urbains préexistants.
Dans la réalité, cette démarcation si nette sur les cartes devient plus complexe.
S’il apparaît sur cette ligne des traces à l’échelle architecturale (interstices, dents creuses, façades aveugles), elle n’est pas toujours lisible et intelligible.
Nous avons donc interrogé des experts et des habitants du quartier afin de distinguer cette limite. Grâce à leurs récits, nous avons approfondi la connaissance des différents tissus urbains. Des détails et caractéristiques particulières plus subtiles sont alors apparus. Nous les avons moulés pour en récupérer les traces.
Lors de la performance, nous reproduisons le même processus de moulage en parallèle avec la narration sur les caves des bâtiments de la rue Gustave Goublier
Artistes
Nous avons porté notre intérêt sur les sous-sols de la rue Gustave Goublier et plus globalement du Xeme arrondissement. Cette recherche nous a mené du service de la propreté de la Ville de Paris à celui des égoutiers, de l´Inspection Générale des Carrières indiquant que la rue se trouvait sur une zone de dissolution du gypse, au futur parc du plateau d’avron construit sur les anciennes carrières de gypse de Rosny-sous-Bois. Les habitants et commerçants de la rue Gustave Goublier, nous ont ouverts leurs trappes pour découvrir les caves.
Dans un mouvement d’aller-retour permanent, un personnage arpente les espaces sous-terrains pour en reproduire les plans à la surface, sur le sol de la rue. Tracés au blanc de Meudon dissolus rapidement, à l’image du gypse dont il est issu.
Urbanistes et photographe
La musique affecte notre perception de l’espace. Pour le mieux (la musique diminue le taux de cortisol, l’hormone du stress, et la sensation de danger 1), et pour le pire (écouter de la musique réduit les ressources cérébrales dévolues aux stimuli extérieurs, ce qui explique le nombre croissant d’accidents urbains impliquant des piétons portant des écouteurs). Mettre ses écouteurs, c’est se rendre indisponible (l’équivalent du panneau de porte “ne pas déranger”), c’est marquer une frontière invisible pour mieux accéder à son intériorité. Dans la rue, c’est contourner l’ennui ou les ennuis (le casque, un outil contre le harcèlement urbain 2), ou augmenter son expérience de la ville. C’est échapper à un cadre physique pour se projeter dans une autre dimension spatiale et temporelle.
Qu’écoutent les passants ? Quelles sont les mélodies qui rythment subtilement et quotidiennement la grande chorégraphie de la rue (on se croise, on se dépasse, on s’évite)? A quels souvenirs, à quels imaginaires, à quels autres lieux font-elles appel ?
Une hypothèse : un quartier peut se révéler à travers la playlist de ses passants. Nous sommes allés à la rencontre de ceux du 10e arrondissement, en prenant l’espace The Window comme point de départ. Diversité des profils, des écouteurs, des téléphones, des plateformes, des genres musicaux : la richesse culturelle du quartier s’exprime au sein de la playlist que nous avons constituée sur Spotify à partir des morceaux indiqués par les passants interviewés. Du reggae jamaïcain au gospel Haïtien, de la K-Pop au King of Pop, du R&B congolais au rock anglais, nous avons réalisé un tour du monde sonore dans les limites du 10e arrondissement.
Chaque passant rencontré a ainsi accepté de retirer ses écouteurs et de partager avec nous le nom du morceau en cours de lecture. Ces discussions ont été l’occasion d’évoquer les lieux réels ou imaginaires liés au morceau, et l’impact de son écoute sur la perception de l’espace actuel.
Nous avons ensuite invité ces personnes à l’inauguration de l’exposition : la playlist du quartier y sera diffusée. Nous présenterons également un livret compilant de manière créative les collectes de nos séances d’exploration et les interviews réalisées.
Artist
Le travail de Grace Denis a commencé par une recherche dans les magasins et les épiceries du quartier, marchant de The Window au Faubourg St Denis. Une enquête sur les ingrédients, à la fois les variables et les répétitions, a inspiré un décryptage de l'importance des aliments conservés et fermentés sur les marchés indien et turc. La fusion de cette étude met en œuvre des légumes et des épices de ces deux marchés, en hybridant des ingrédients recommandés par les personnes travaillant dans les magasins pour fabriquer une série de conserves. La symbiose de ces éléments crée une gamme piquante d'aliments, une recherche comestible qui explore la rue comme un site potentiel de fermentation, dans lequel une multitude d'éléments s'enchevêtrent et s'excitent collectivement.
Géographe
Ma participation à la recherche collective rue Gustave Goublier a consisté à re-constituer la micro-histoire de ce lieu parisien né il y a moins de deux cent ans et renommé il y a moins d’un siècle. J’ai voulu retrouver son passé tel que l’ont conservé la bibliothèque, l’archive et le cadastre avant d’en tracer un arbre généalogique absolument subjectif, en parcourant pour cela les documents historiques, notamment des cartes anciennes,.
Lors de la performance, je propose de revisiter le geste du cartographe en le translatant du papier à la rue, via la réalisation dynamique sur une baie vitrée ou même au sol d’une carte du dixième arrondissement éternellement recommencée. Mon but est d’illustrer par le mouvement de la main et du corps le caractère fondamentalement subjectif, personnel et sensible de toute représentation de l’espace.
Multimedia artist, visual artist and curator
Performing, Reflecting, Observing.
In attempt to research the vivid multiculturalism of the area around The Window gallery, holding the mirror creates a performative gesture through the act of shifted behavior and otherness in public space. Even though the performer feels hidden and secure, the gesture provokes reactions of passersby. What passers perceive depends on their position in the urban space and more broadly depends on their social and cultural context and experiences.
On the exhibition opening we transfer the performance of holding the mirror and shooting the reflections, but now in different context of new event and new observers thus creating a new layer on the work where film and reality switch.
This work is related to the GRAD NA DRUGI POGLED project.
Artist
As a visual artist I am interested in representation and how to use it to covey or investigate ideas, fictions and truths. For this rendition of Carta Infinita I chose to focus on rue Gustave Goublier in two spaces: my perception of the street as it exists in 2019 and the virtual space of Google Street View.
Before visiting rue Gustave Goublier for this project I immediately looked it up onStreet View to get a sense of where I would be working.
I noticed however that the virtual space I was studying was not actually representative of the street, the imagery was from 10 years earlier taken in 2009. This struck me as interesting being a classic example about how photography, while often presented as canonic truth is quite often misrepresentative and easily manipulated. So I decided to make photographic prints that would mix these two spaces, the 2009 virtual space and the present day reality of the street. I am recreating aspects of the photos from 2009 Street View and bringing them to the street to be photographed, I will be getting people to pose in the same manner while shooting from the same camera angles.There have been a few changes mostly businesses and signs, but most notably and also the reason the photos have not been updated is that cars are no longer allowed on the street. I am particularly interested in the distorsions that Street View creates due to strange perspectives and camera angles, I think that these prints represent a sort of distortion as well, mixing the different times and spaces.
For the Performance people will be holding the pose of four photographic stills from Street View I chose to represent. They will be wearing blurry face masks as the people’s faces in Street View are blurred out adding to the contrast between real and virtual.
Graphiste
L’impression d’être des touristes, un regard que nous savons superficiel. La peur d’un regard « exotique » ou « folklorique” et la conscience de cet écueil sans savoir comment l’éviter. Mais les mots permettent de mettre à distance et de commencer une production.
Nous avons choisi le thème des cheveux, des coiffeurs, des mots des coiffeurs, du mystère relatif qui entoure les salons de coiffure. Nous avons choisi ce thème Parce que c’est ce qui nous a sauté au yeux dans le quartier. Nos explorations se sont déroulés pluvieuses et morcelées. Parfois un dialogue, des regards amusés ou méfiants, souvent une relative indifférence (c’est une prise de notes, ça n’est pas très spectaculaire).
Au fil de l’exploration, notre regard à évolué. Au début ça ne devait être que des mots affichés, ça s’est transformé en une sorte de jeu de cartes avec l’idée d’en faire une mini-performance ce que nous n’avons jamais fait auparavant.
Des anecdotes : Chris m’a appris que le sujet de la « coiffure » des cheveux différents étaient un sujet très délicats a aborder, presque une “ligne rouge » en Afrique du Sud. Il parait aussi que le cheveux jetés devant les devantures des vitrines se prennent dans les pattes des oiseaux qui ne peuvent plus marcher.
Des mèches péruviennes, ce sont des cheveux très lisse, très long, très noir (extension). En réalité je crois que je n’ai toujours pas compris exactement ce qu’étaient les différences entre perruques, tissage, extensions, rajouts etc. J’ai un peu honte de ne pas être entré dans le détail ou d’être encore incapable d’en parler. Le tirage des cartes est un pirouette pour faire un jeu de cette faiblesse.
Médiatrice culturelle & musicien
« Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. »
J-P Sartre La Nausée, 1938
Dans le domaine de la psychanalyse, ce sentiment est une notion, celle de la distanciation. Cette attitude de défense, de (re)considération ou de remise en cause, produit un effet de dédoublement (écho) qui peut aller jusqu'à expérimenter le du monde extérieur comme étrange, irréel.
À travers notre expérience immersive, nous avons voulu placer le spectateur au coeur de cette sensation. Vous êtes d’abord invité à voyager autour du passage Gustave Goublier, de jour comme de nuit. Puis, à l’aide de boutons d’effets sonores et visuels, vous allez contrôler votre propre voyage intérieur. Le degré d’intensité ne tient qu’à vous, à l’aide de contrôles intuitifs, vous allez vite créer l’univers qui vous correspond : d’une ballade harmonieuse jusqu’au frisson de l’irréel.
Baudelaire; Les fleurs du Mal, La chevelure (dans spleen et idéal), Paris, Poésie Gallimard, 1861
Dainville, François de; Le Langage des géographes. Termes, signes, couleurs des cartes anciennes (1500-1800), Paris, CTHS Editions, 2018 [1965]
Glissant, Edouard; La terre, le feu, l’eau et les vents, une anthologie de la poésie du tout monde, Paris, Galaade éditions, 2010.
Harley, John-Brian; “Deconstructing the map,” Cartographica, 26, 2, 1989.
Laboulais, Isabelle dir.; Combler les blancs de la carte. Modalité et enjeux de la construction des savoirs géographiques (XVIIe-XIXe siècle), Strasbourg: Presses Universitaires de Strasbourg, 2008.
O’Brian, Tim; The Things They Carried. Published by Penguin Books, New York,1991.
Rees, Ronald; “Historical links between cartography and art,” Geographical Review, 70, no.1, 1980.
Saramago, José; The Double. José Saramago e Editorial Caminho, SA, 2002.
Tresch, John; The Romantic Machine. Utopian Science and Technology after Napoleon, Chicago: The University of Chicago Press, 2012.
Wallis, Helen & Robinson, Arthur dirs.; Cartographical Innovations : an international handbook of mapping terms to 1900, Tring: Map collector publications, 1987.
Wilme, Benjamin; A Hand Book for Plain and Ornamental Mapping, London: John Weale, 1863.